Les croyants avaient été confrontés à toutes sortes d'épreuves et de difficultés, comme ils en avaient été avertis dans Al-Baqarah. Malgré leur victoire à la bataille de Badr, ils n'étaient pas encore hors de danger. Leur triomphe avait suscité l'hostilité de toutes les forces d'Arabie opposées au mouvement Islamique. Des signes de menaces se profilaient de toutes parts et les musulmans vivaient dans un état de peur et d'anxiété permanent. Le monde arabe entourant le petit État de Médine - qui n'était alors qu'un village - semblait déterminé à anéantir son existence même. Cette situation de guerre affectait également son économie, déjà fortement perturbée par l'afflux de réfugiés musulmans de La Mecque.
S'ajoutait à cela le problème préoccupant des clans juifs vivant dans les faubourgs de Médine. Ils reniaient les traités d'alliance conclus avec le Prophète après son émigration de La Mecque. Lors de la bataille de Badr, ces gens du Livre ont même sympathisé avec les desseins malveillants des idolâtres, alors même que leurs articles de foi fondamentaux - unicité d'Allah, prophétie, vie après la mort - étaient identiques à ceux des musulmans. Après la bataille de Badr, ils ont ouvertement incité les Quraych et d'autres clans arabes à se venger des musulmans. Ainsi, ces clans juifs ont mis de côté des siècles de relations amicales et de bon voisinage avec le peuple de Médine. Finalement, lorsque leurs actions malveillantes et leurs violations des traités sont devenues intolérables, le Saint Prophète a attaqué les Bani Qaynuqa, les plus malveillants de tous les clans juifs, qui avaient comploté avec les hypocrites de Médine et les clans arabes idolâtres pour encercler les croyants de toutes parts. L'ampleur du danger peut être mesurée par le fait que même la vie du Saint Prophète était constamment menacée. Ses Compagnons dormaient en armure pendant cette période et montaient la garde la nuit pour se protéger contre toute attaque soudaine. Chaque fois que le Saint Prophète disparaissait de leur vue, ne serait-ce qu'un bref instant, ils partaient immédiatement à sa recherche.
Cette incitation des juifs a jeté de l'huile sur le feu qui brûlait dans le cœur des Quraych, qui ont commencé à préparer leur revanche après la défaite subie à Badr. Un an plus tard, une armée de 3 000 hommes a quitté La Mecque pour envahir Médine, et une bataille a eu lieu au pied du mont Uhud. Le Saint Prophète est sorti de Médine avec un millier d'hommes pour affronter l'ennemi. Sur le chemin du champ de bataille, trois cents hypocrites ont déserté l'armée et sont retournés à Médine, mais un petit groupe d'hypocrites est resté parmi les sept cents qui accompagnaient le Saint Prophète. Ils ont joué leur rôle, s'efforçant de semer le chaos et la confusion dans les rangs des croyants pendant la bataille. C'était la première indication claire qu'un nombre assez important de saboteurs étaient prêts à conspirer avec les ennemis extérieurs pour nuire à leurs propres frères au sein de la communauté musulmane.
Bien que les manigances des hypocrites aient grandement contribué au revers subi à Uhud, les faiblesses des musulmans eux-mêmes n'y ont pas moins participé. Il était naturel que les musulmans présentent des signes de faiblesse morale, car ils formaient une communauté nouvelle, tout juste constituée autour d'une idéologie inédite, et qui n'avait pas encore reçu une formation morale solide. Naturellement, lors de ce second test difficile de leur force physique et morale, certaines faiblesses sont apparues. C'est pourquoi un examen détaillé de la bataille d'Uhud était nécessaire pour mettre en garde les musulmans contre leurs lacunes et leur donner des instructions en vue de leur réforme. Il convient également de noter que cette analyse de la bataille diffère totalement des bilans que dressent généralement les généraux en de telles occasions.